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Matin d’hiver.

La gelée, ce matin, sur la prairie enchaîne
Ses perles de cristal brûlant de mille feux
Au col des graminées, grands corps de porcelaine
A la gorge d’opale sous de longs cous gracieux.

Et le cynorhodon, sous sa coiffe de glace,
Fait une tache pourpre sur neige au reflet bleu,
Une tache de sang qui sur la blancheur trace
La subtile image d’un discret camaïeu.

Pour dire sa colère, dans sa maison de branches,
Le roitelet surpris fait des Pit ! Pit ! hargneux,
S’agite et se démène, dans la lumière blanche,
Pour crier sa colère, à l’intention des cieux !

L’air vif, en vent coulis, tranchant comme une lame,
Blesse de son poinçon la peau des miséreux
Et burine leur corps, et déchire leur âme :
L’hiver est beau ou triste, cruel aux malheureux !

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